La génération des digital natives, à l’âge adolescent, vit dans une bulle digitale où écrans et écouteurs sont omniprésents, souvent sans limite de temps ni de lieux.
Mais sans avoir conscience qu’ils mettent ainsi leur santé en danger…
Les écrans et le sommeil
Les écrans ont envahi la vie quotidienne des adolescents. Et restent bien présents du lever jusqu’au coucher : d’après une enquête du réseau Morphée, 53% des ados passent ainsi plus d’une heure sur un écran connecté avant de se coucher. Pourtant les études sont unanimes : ces pratiques nuisent à la quantité et à la qualité du sommeil.
Comme l’explique le Dr Olivier Pallanca, psychiatre neurophysiologiste : « les écrans sont néfastes : la première raison, c’est la luminosité de l’écran, suffisante pour modifier la sécrétion de mélatonine, la perception même de la somnolence. La seconde est que cela maintient un degré de veille et d’excitation qui n’est pas compatible avec l’endormissement ».
Et l’INPES révèle que le tiers des 15-30 ans dort moins de 6 heures par nuit. Les 12-14 ans sont quant à eux 21% à dormir moins de 7h par nuit, et 9% à dormir moins de 6 heures…
Or, toujours selon l’INPES, le déficit de sommeil « affecte […] la santé des ados en limitant la production d’hormones de croissance, en réduisant l’élimination des toxines, en perturbant la glycémie au risque de favoriser le surpoids et le diabète ». Parmi les autres risques identifiés : la fatigue et la somnolence (bien entendu) mais aussi l’irritabilité, l’augmentation des risques cardiovasculaires ou encore des risques d’accident de circulation (hypovigilance).
Les écrans et la santé des yeux
Et au total, ce sont 4h24 en moyenne que les ados passent devant un écran chaque jour (6 heures le week-end), comme nous l’apprend l’étude sur « la vue et l’audition des adolescents » réalisée en 2015 par l’Observatoire de la santé visuelle et auditive du groupe Optic 2000, qui comprend un réseau d’opticiens (Optic 2000, Lissac) et d’audioprothésistes (Audio 2000).
On y apprend également que 44% des adolescents ont déjà ressenti une fatigue visuelle et/ ou la sensation d’œil sec suite à l’utilisation d’écrans.
Et que 37% d’entre eux ne portent pas leur correction devant un écran… alors qu’ils sont 86% à estimer qu’ils en ont besoin pour bien voir. A court, moyen et long terme, ces comportements, associés à l’usage intensif des écrans, ont des conséquences très lourdes sur la santé visuelle.
Les écrans et la sédentarité
L’augmentation du temps passé devant les écrans est à mettre en corrélation avec la baisse du temps consacré aux activités physiques.
Alors qu’il est recommandé aux jeunes de faire 60 minutes par jour d’activités physiques, ils sont à peine la moitié à remplir cet objectif.
Le Pr François Carré, cardiologue, constate : « En 40 ans, les collégiens ont perdu 40% de leur capacité physique ». Il s’en inquiète : « Quand on sait que l’endurance est l’un des meilleurs marqueurs d’une bonne santé cardiovasculaire »…
Écouteurs et santé auditive
Mais les écrans ne sont pas le seul « accessoire » de la bulle digitale des ados.
A leurs côtés : les écouteurs, qui induisent des pratiques d’écoute aussi répandues que néfastes. L’étude de l’Observatoire Optic 2000 montre ainsi que les adolescents passent en moyenne 9 heures par semaine à écouter de la musique avec écouteurs.
Selon l’association JNA (Journée Nationale de l’Audition), 1 jeune sur 3 écoute 2 à 3 heures par jour de la musique à plus de 80dB.
Et le quart des ados a déjà ressenti des sifflements, bourdonnements ou des réactions de douleurs à cause du bruit ou de l’écoute de musique forte…
Or les lésions ainsi créées, par l’intensité et l’omniprésence du bruit, sont irréparables.
C’est leur santé auditive d’aujourd’hui et de demain que les ados hypothèquent ainsi.
« La majorité des troubles de l’audition est irréversible et ces troubles sont évolutifs. Dans quel état sera donc leur capital auditif à l’âge d’être sénior ? » s’inquiète l’association JNA.
Contrôle, et prévention, pour sauver une santé en danger…
Dans leur bulle digitale, les ados ont tendance à oublier leur corps, et les signaux qu’il leur envoie. Comme l’explique le pédiatre Aldo Naouri, à propos de l’adolescent face à son écran : « il y a une sorte de retrait partiel du monde qui met l’enfant dans un état étranger à sa physiologie ».
Ce qui a évidemment de graves conséquences sur sa santé, actuelle, et surtout future ! Yeux, cœur, oreilles, état général : tout est potentiellement menacé par ces comportements.
Le rôle des parents est ici essentiel : ils doivent parler, expliquer… et également fixer des limites fermes. Mais le rôle des messages d’information et de prévention est central également – comme il l’est et l’a été sur d’autres sujets (exposition au soleil, sécurité routière…).
En matière de santé visuelle et auditive, Yves Guénin, le secrétaire général du groupe Optic 2000, affirme : « nous devons montrer qu’il s’agit d’un problème de santé publique […].
Nous devons porter haut le message avec des supports partagés, répéter nos messages aux différentes instances, diffuser l’information sur internet, un support utilisé par les adolescents, et continuer à établir des recommandations ».L’Observatoire de la santé visuelle et auditive a un rôle central dans cette mission, comme le relai des messages sur internet, mais également sur le terrain, dans les espaces Optic 2000 et Audio 2000.
La Fédération Française de Cardiologie a, quant à elle, créé « les parcours du cœur scolaires », un programme qui vise à donner des conseils et à faire pratiquer une activité physique. 210 000 enfants et adolescents en bénéficieront en 2016. Informer, alerter, prévenir : les changements de comportements des ados viendront d’eux-mêmes si on leur fait entendre les bons messages…
Article de Sophie R., lectrice du blog Danger-sante.org
Merci pour sa participation !