Extrait de l’ouvrage d’Arlette DUCOURANT, La chimio pour l’emule.
Cet auteur est décédée suite à un cancer de la moelle osseuse.
Son ouvrage est un témoignage poignant qui raconte son parcours pour lutter contre cette maladie. Il est donc en mesure de générer un intérêt de la part de votre public.
L’auteur présente son livre :
«La chimio pour l’émule» est un témoignage sincère, bien qu’il soit mis à distance par un langage résolument
iconoclaste et dérisoire, sur ma leucémie.
C’est une chronologie riche en émotions contrastées, mais surtout la découverte d’un monde plein de surprises humaines et philosophiques, sur lesquelles il n’est nul
besoin de disserter.
La maladie est une école qui va à l’essentiel. Ce dépouillement soudain de toutes les confusions et superflu, de notre microcosme, conduit à la découverte du maillage
affectif subtil et insoupçonné qui se tisse autour de soi.
On n’est pas seul dans le combat, une armée d’ombres nous soutient et nous rend plus fort.
Si ce modeste ouvrage peut faire porter sur le mal un regard rassurant, voire amusé, ce sera un pied de nez, bien mérité, au crustacé glouton.
Quatrième de couverture :
Où que le regard se porte, il se trouve un cancéreux dans le paysage; pas de doute, le cancer est tendance. De quoi tenter
une septuagénaire comme moi, jusque-là épargnée injustement par la maladie. Le voyage valait le détour, même si je n’ai jamais eu la vocation de malade chevillée au corps.
Il y a eu des hauts et des bas dans mes relations tumultueuses avec le cancrelat, mais, tout compte fait, il m’a apporté beaucoup plus qu’il ne m’a pris et essaie encore de me prendre. Et toc !
Extrait du livre :
(…) Vendredi 14
Ce matin, je suis rouge comme un homard, et je sens un feu continu qui court sous la peau. Mes bras ont gonflé, tout rougis par des plaques urticantes. Les
cuisses sont envahies de pustules ainsi que le ventre, les seins et le thorax ; mon corps n’est plus qu’une rougeur affolante de démangeaisons. Je pense à Litvinenko : quelles souffrances a dû lui causer son empoisonnement !
L’interne me rassure : tout cela finira par s’estomper ; il faut essayer de ne pas trop y penser ! Facile à dire!… J’attends la dermato pour me faire un prélèvement de peau. Mes boutons font penser à la varicelle par endroits, à moins qu’il ne s’agisse d’herpès ou d’un zona… Bref, je bourgeonne grave,
mais hors saison.[…]
Coups de fil de Bernard et Vincent, qui sont tous les deux passés par une chimio, et ne semblent pas se souvenir de signes d’intoxication aussi violents.
J’ai appris les rudiments du texto, ce qui me permet de recevoir de courts messages réconfortants de la part de mes amis.
Ce soir j’aurai nos trois enfants au téléphone. J’abrège les digressions philosophiques superflues. Certains messages d’amis tiennent plus de l’imprécation que de l’encouragement : « Vous allez vous en sortir ! » (deux fois) Mais je sens autour de moi un faisceau d’attentions affectueuses qui me rassure un peu, sous le feu galopant qui m’assaille sans relâche. Un cocktail de produits ajouté dans ma perfusion finit par calmer les démangeaisons, et me procurer une excellente nuit.